Ludovic, de l’artillerie à Welkit Paris.
Nos chers clients de la boutique parisienne ont forcément déjà rencontré Ludovic, ce grand bonhomme de plus de 2 mètres. Ludovic travaille chez Welkit depuis maintenant plusieurs mois mais possède un parcours riche puisqu’il a passé presque 2 ans dans l’armée de Terre avant de servir au sein de la Gendarmerie pendant 5 ans. Nous avons profité d’une petite venue au magasin pour lui poser quelques questions sur son expérience, et ses souvenirs, en tant que militaire et gendarme par la suite…
David Murphy : Salut Ludo, peux-tu nous expliquer un peu ton parcours et pourquoi tu as voulu devenir militaire ?
Ludovic : C’est en fait quelque chose que je voulais faire depuis tout petit, et je suis rentré à l’armée dès que j’ai pu, à l’âge de 17 ans et demi. J’ai choisi l’armée de terre spécifiquement parce que je voulais bouger et que j’étais demandeur d’action. A l’époque, les décideurs de l’armée m’ont trouvé un peu jeune pour aller en infanterie, du coup j’ai été intégré dans l’artillerie.
DM : J’imagine que tu as dû subir un entrainement poussé avant de pouvoir intégrer une division. Qu’est ce qui te vient à l’esprit quand tu te rappelles de ces moments-là ?
L : Le froid et la boue (rires) ! J’ai d’ailleurs une anecdote assez marrante : on était dans les Ardennes et un soir, nous nous sommes fait engueuler par notre Sergent, pour une raison que je préfère garder pour moi (rires). Ce que je n’ai pas oublié par contre, c’est que nous avons fini en caleçon à marcher, au pas, dans la neige. A un moment, on nous met entre 2 bâtiments, histoire que l’on sente bien les courants d’air. Puis notre Sergent nous regarde et nous demande : « et là ? Vous le sentez le froid ? ». Un de mes camarades a tenté de dire quelque chose mais le Sergent le coupe et nous dit « non, vous êtes des militaires. Et les militaires ne sentent pas le froid. Le froid, c’est une sensation de civils ». On s’est tous figé sur place (rires). Sur le moment, je n’ai pas vraiment apprécié ce moment mais aujourd’hui, c’est un bon souvenir.
DM : Les premiers mois d’intégration ont-ils été difficiles ?
L : Non pas vraiment. L’entrainement a duré 6 mois en tout : 3 mois de basique et 3 mois de spécialisation. Ce qui m’a marqué le plus par contre, c’est le « formatage ». Je ne dis pas ça dans un sens péjoratif, mais quand on arrive, on nous fait bien comprendre que nous sommes tous égaux. Peu importe ton passé, ton éducation, ton physique, ta religion, ta famille ou ton origine. Nous portons tous la même coupe, faisons tous les mêmes taches et sommes tous habillés du même treillis. Personnellement, j’ai beaucoup appris sur l’esprit d’entraide, de respect et de camaraderie. Je pense que vivre cela pourrait aider pas mal de jeunes, malheureusement un peu perdus de nos jours. Cela donne un cadre et c’est quelque chose qui me sert encore aujourd’hui, dans ma vie de tous les jours.
DM : En six mois de formation, tu as dû en apprendre, et en faire, des choses…
L : Absolument. Les 3 premiers mois m’ont permis d’apprendre les bases, physiques comme tactiques. Tu en baves pas mal mais tu apprends à viser, tirer, marquer un endroit sur un terrain, l’alphabet phonétique…c’est la base du militaire ! A contrario, les 3 derniers mois, tu commences vraiment à t’amuser car c’est une formation propre à ta spécialisation. Et ça devient, du coup, beaucoup plus concret…
DM : As-tu eu des appréhensions au moment où tu es engagé « officiellement » à la suite des 6 mois d'entrainement ?
L : Non pas vraiment. Tout se passe très vite et on prend le pli rapidement. Du coup, le rythme de vie dans la caserne devient une habitude. Sans t’en rendre vraiment compte, tu es calé comme une horloge : tu te lèves à la même heure tous les jours, tu fais ton lit comme tous les jours, tu vas déjeuner, puis au rassemblement et tu es prêt à la même heure, tu sais comment choisir et configurer ton équipement…on allait faire de l’exercice au tir comme d’autres vont aller faire des courses, sans appréhensions ! Et si tu fais une faute, on te fait comprendre que c’était la seule, unique et dernière fois que tu la faisais (rires). Au bout de 6 mois, on est vraiment calé et structuré. J’ai beaucoup appris sur la cohésion à l’armée, mais encore plus à la gendarmerie par la suite !
DM : Tu restes plusieurs années à l’armée, et suite à une blessure (double déchirure au mollet), tu décides d’arrêter. Après un peu de repos, qu’est ce qui t’as poussé à rentrer en Gendarmerie ?
L : J’avais besoin d’action ! Je me rendais compte que ça me manquait beaucoup trop. Et comme j’étais apte physiquement de nouveau…je me suis lancé !
DM : Tu as senti de grosses différences lors de ton intégration en gendarmerie ?
L : Des différences oui, mais notamment au niveau des personnes et des profils. J’ai connu un type à l’armée qui était homme de ménage avant de s’engager. Il ne savait pas écrire et me demandait parfois de lui remplir ses papiers. Mais on l’a tous aidé, on ne laissait personne à part. On était une vraie famille car on vivait tous ensemble dans le même baraquement, sous la même tente, on traînait dans la même boue… Je pense que l’armée a apporté beaucoup de choses à des personnes qui venaient de nulle part et qui n’avaient rien, ou qui avaient tout perdu. Souvent, ce sont des personnes sans diplôme et qui galéraient à trouver un job, où leur place dans la société civile. La gendarmerie c’était un peu différent. Les personnes qui y sont ont déjà le bac au minimum, donc une éducation plus poussée de base. On était plus « frères » qu’une famille. C’est aussi normal car on ne passe pas autant de temps ensemble. Par exemple, même si on vivait sous le même toit, on avait chacun notre propre appartement. Cela restait une cohésion militaire, mais différente, chacune avec ses spécificités, ses avantages et ses « défauts » …en tout cas, c’est comme cela que je l’ai vécue !
DM : Tu avais un but précis lors de ton entrée en Gendarmerie ?
L : Oui, à la base je voulais rentrer en peloton d’intervention. Cela n’a pas pu se faire du coup je suis rentré à la Garde Républicaine dans laquelle je suis resté 5 ans, à Paris. Je faisais, entre autres, de la surveillance de caserne et de la surveillance rapprochée. J’ai aussi passé la formation plieur parachute au G.I.G.N., mais malheureusement ma déchirure s’est réveillée. Lors d’une marche, avec tout mon barda sur le dos, le médecin est venu me voir et m’a conseillé d’arrêter tout de suite, car mon mollet était sur le point de se déchirer définitivement. Je ne voulais pas prendre le risque d’être en fauteuil roulant pendant 1 an et j’ai donc arrêté, avec l’espoir de revenir un peu plus tard. Malheureusement, je n’ai jamais pu…
DM : Avec le recul, est ce que tu gardes un, ou des, mauvais souvenirs de ton passage à l’armée puis à la gendarmerie ?
L : Lorsqu’on en bave sur le terrain, on pense que cela va rester un mauvais souvenir. Mais avec quelques années de recul, c’est toujours les moments les plus durs, là où on va râler pendant des semaines, qui s’avèrent en fait être les meilleurs ! Je me souviens d’une fois, où je traversais une rivière sous -10° degrés...mon treillis mouillé était en train de se transformer en glaçon, et moi aussi, par la même occasion ! Sur le coup, j’ai détesté. Et puis 6 mois après, lorsque tu fais ta garde, tu y repenses en te disant qu’en fait, on s’amusait beaucoup plus dans la neige (rires). Au bout d’un moment, ça devient un jeu.
DM : Tu as dû tirer avec un certain nombre d’armes au cours de ta carrière…
L : Oh oui ! J’ai tiré au FAMAS avec son lance-grenade (APV40, anti-personnel et AC58, anti-char), G36, UMP45, MP5, fusil à pompe, lance-grenade lacrymo, mortier, HK USP, Sig 226 et 2022, Beretta, Colt, PAMAC, Minimi et même à l’AT4 ! J’ai aussi tiré une fois avec un P90 en gendarmerie. Mais les sensations les plus intenses que j’ai eu sont avec la mitrailleuse lourde Browning M2 et ses munitions 12,7 mm. Le bruit est impressionnant, de même que les dégâts sur les véhicules légers et les murs…et voir toutes les douilles…on se serait cru dans un film !
DM : Pour finir, aurais tu un conseil pour un jeune souhaitant devenir militaire, que ce soit dans l’armée ou la gendarmerie ?
L : Faites du sport ! Beaucoup, beaucoup de sport ! Il faut se préparer physiquement, et mentalement. Rester éveillé de 7h du matin à 7h le lendemain, même si on reste assis sur une chaise, ce n’est pas si facile. Il faut garder en tête que vous serez des hommes, ou des femmes, d’action, que vous serez parfois loin de votre famille et qu’il sera souvent difficile, voir impossible, d’avoir des horaires fixes comme dans le civil. Mais si vous sentez que vous êtes fait pour ça, foncez !
Merci à Ludovic de nous avoir fait partager ton expérience. N’hésitez pas à lui rendre visite au magasin Welkit Paris, 4 rue Louis Lejeune, 92120 Montrouge.
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